lundi 23 mai 2011

Introduction



Norman Rockwell, pour moi, s'est tout d'abord, deux mots qui finissent une phrase, un couplet d'Eddy Mitchell. Les afficionados de ce chanteur sauront que je parle de la chanson "un portrait de Norman Rockwell", pour moi, c'était une chanson inconnue, entendue au hasard d'un zapping radio. Aidé de mon addiction et de ce merveilleux instrument qu'est internet, les images affluérent, les dates et les circonstances de sa création aussi. Anticipant les sept décénies cruciales que sont le début du XX ème siècle aux États-Unis, je ne tombe que sur des portraits de clowns, de gosses. Peu de toiles "historiques" en face de gamins par dizaine. Ça n'atteignait pas les hauteurs historiques envisagées. Cependant, je continuais de tourner les pages d'un livre reproduisant les couvertures de Norman Rockwell. Je glissais d'histoires en anecdotes. Je passais de la représentation des "pilgrims" à l'univers de Tom Sawyer. Je m'attendais "Aux Raisins de la Colère" en peinture, j'étais accueilli par le dessus d'une boite de gâteaux secs à grand-mère.
Je ne percevais pas les vicissitudes de la société américaine, tout simplement parce que cet artiste n'en révélait pas ses contours mais son Essence. Ce qui interressait cet artiste n'était pas la société, mais les individus qui la composent. Alors que je cherchais les “strars”, je ne trouvais que des inconnus. Ce peintre racontait leurs humeurs: leurs joies, leurs peines, leurs pleurs. Il racontait l'Humain.Pour ce faire Rockwell réduisait l'environnement particulier pour permettre de toucher à l'universel. Il nous laissait, cependant, assez d'éléments pour lire et comprendre ses histoires, nos histoires. C'st alors que je découvris le bonheur de sa narration.

Qui est monsieur Rockwell?
Norman Percevel Rockwell est né à New York en 1894. Sa grand-mère paternelle était issue d'une famille aisée et son mari, son grand-père parternel, travaillait dans l'industrie minière. Leur fils, ne nous ait connu qu'au travers des souvenirs du jeune Norman. Celui-ci écoutait avec avidité les récits extraordinaires tirés de Charles Dickens, lus à haute voix à la chaleur d'une cheminée. Quant à sa mère, elle était d'origine anglaise et était la fille d'un peintre, sans grand talent qui avait émigré après la guerre de Seccession. Ayant souffert de la condition misérable que lui offrit son père, elle se ratacha principalement à ses origines anglaises, prisées en Amérique au début du XX ème siècle. D'où, certainement, le second prénom ampoulé de Percevel.
Longiligne, presque malingre, Norman avait un physique peu avenant et fragile. Il portait des lunettes et faisait pâle figure devant son seul frère, pourtant plus jeune que lui. "A dix où onze ans, quand j'ai pris conscience de mon identité et de ma position dans le monde, je n'avais pas une très haute opinion de moi-même". Absent des stades de foot où de base-ball, le jeune Rockwell, s'engouffra dans l'activité pour laquelle il était le plus doué: le dessin.
En tant qu'homme et en tant qu'historien, j'ai toujours pensé que les origines familiales, les caractéristiques physiques (prises dans le sens de l'acclimatation, ici difficile, à la société), jouent un rôle. Elles peuvent forger les héros, soutenir les politiques. Dans le cas du jeune Rockwell, c'est une évidence. Son physique ne lui permit pas, selon lui, de participer, il regarda donc. Déployant son énergie dans le dessin, il commentera la société dans laquelle il n'est pas.
L'époque à laquelle il naît, trente ans après la guerre de Seccession fait de lui un WASP, un white anglo saxon protestant. Même si les États-Unis se sont formés grâce à l'immigration, le cloisonnement, la ségrégation sont établis. Il est le rejeton d'une "american way of life", il est le fils d'un rêve de pionniers épris de Liberté. Mais Norman, d'origine anglaise est tombé du "bon" côté. Il vivra dans un monde où les gens "de couleur" comme on disait, sont exclus. Ce sera là un des points centraux de son oeuvre et de sa vie. Grâce à son métier de chroniqueur, il essaiera de sortir de sa vue partiale d'américain moyen, protestant et blanc.
Certainement sous l'influence de sa mère, et de sa peur que le jeune Norman ne reproduise les aléas miteux de son propre peintre de père, Norman ira chercher un "vrai" travail.

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