lundi 23 mai 2011

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Gramps At The Plate (couverture SEP, 5 Août 1916)
“Grand-père à la base” est la troisième illustration publiée de Norman. Devant convenir au plus grand nombre, il était illustrateur, ne l’oublions pas, Rockwell décide de représenter un duo conventionnel et familial. Un grand-père et son petit-fils.
Sport par excellence aux USA, le base-ball rapproche les générations et a l'avantage plastique de présenter les adversaires de face. Ce la permet à notre illustrateur de représenter les expressions des deux protagonistes. Cependant ici, l'adversité réelle et sportive est accentuée par le conflit générationnel.
Le jeune garçon est en tenue de sport. Le sourire aux lèvres, il a délaissé son masque de protection, sûr de sa supériorité. Un genoux à terre, ce qui n'est pas tres conventionnel, mais qui permet à l'illustrateur de le déporter sur la gauche, le distinguant de son adversaire. Cette position ainsi que le code qu'il indique à son coéquipier par sa main, souligne son assurance maline. La casquette retournée, le garçon est heureux de cette situation.
Le grand-père, occupé à lire son journal, s'est pris au jeu, au défi. Il a fait tomber la veste et remisé son journal sous une brique. Cela servira de base. Il ne porte pas les habits adéquats, mais peu importe. Les railleries enfantines ont eu raison de so flegme. En bras de chemise, il a conservé son gilet dont l'arrière est satiné. Le monocle (nous pouvons voir son cordon) ainsi que sa montre à gousset sont dans sa poche. Son pantalon de flanelle tombe sur ses guêtres, il n'a pas l'air de se préparer à la course, pourtant qui devrait suivre son coup de batte. Seul compte le frappé de la balle, c'est sur cela qu'il veut vaincre. Le visage concentré, ses mains maintiennent fermement l'instrument de sa victoire.
Tout en représentant une image familiale, Norman met en évidence une rivalité entre générations. L'enfance avec ses défis mêlés d'inexpérience se mesurent à l'age mûr dont l'expérience palit au déficit physique. C'est du dèjà vu, du déjà vécu.
Autre petit détail. Dans les États-Unis de cette époque, tous les gamins n'avaient pas les moyens d'avoir une vraie batte, souvent un rude gourdin sufisait. Nous pourrions étendre cette note à la tenue complète de notre gamin. Norman est le fruit de sa condition. Il peint ce qu'il connait et cette vision cadre certainement avec les acheteurs et abonnés du SEP ( Saturday Evening Post).
L'édition de cette couverturenécessita plusieurs “retouhes”. En effet, Monsieur Dower, le directeur artistique du SEP, affirma, dans la première épreuve de Gamp at The Plate que le papy semblait mauvais et ressemblait à un clochard. La seconde version où le grand-père venait d'adopter sa tenue du dimanche ne fut pas accepter pour autant. Mr Dower trouvait cette fois-ci le grand-père “trop vieux”. Nouvelle rectification. Il falut à Norman trois autres modifications pour voir son tableau accepté. Monsieur Lorimer voulait tester la patience de notre jeune illustrateur... heureusement qu'il n'est pas allé trop loin, Rockwell était à deux doigts de démissioner!

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