mardi 24 mai 2011

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Child Psychology (couverture SEP, 25 novembre 1933)

Une des toiles la plus connue est “Child Psychology”. La lecture est simple. Une mère énervée vérifie sur un manuel de psychologie infantile comment corriger son enfant.
Assise sur une chaise, d'ailleurs similaire à Breakfast table du 23 août 1930, elle maintient son fils. Le forfait du bambin est visible au pied de la chaise: miroir, pot de fleurs et réveil, sont cassés.
Cette toile peut démontrer que notre illustrateur est conscient des “progrès” de son temps. Il associe les manières éducatives contemporaines aux méthodes plus traditionnelles. Il se peut également que le propos soit plus cynique en précisant que les nouvelles méthodes d’éducation nécessitent parfois un retour vers les anciennes, une “bonne vieille fessée”...

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En 1932, nouvelle crise personnel pour Norman. Il ne semble pas se satisfaire de sa condition d'illustrateur, rêvant à une carriére plus "artistique". Contrairement à 1923, il emmena sa femme Mary, et son nouveau né Jarvis avec lui à Paris. Cette année là, il ne produira que quatre toiles pour le Post.

Boulevard Haussman ( couverture SEP, 1 janvier 1932)

Allez un peu de chauvinisme, pour une fois que Norman nous offre une scène “française”! Rockwell dût réaliser cette toile de retour de son périple familial. Le sujet, une dame perdue dans Paris. Elle a un petit livre rouge qui est soit un dictionnaire, soit le plan de la ville-lumière. Bien droite, cambrée, elle tient délicatement mais fermement la gimbardine de l'agent de circulation. Le profil parfait de la jeune femme est mis en évidence par sa robe rouge et son veste en fourrure. Le chapeau et les chaussures sont assortis. Est-ce un signe de l'élégance française? En tous états de cause, l'agent moustachu, lui, semble déconcerter par ses demandes. Il doit perdre un peu patience sinon elle ne le tiendrait pas... Est-ce l'hospitalité à la française, qu'à voulu représenter, ici, Rockwell?



Dans la décénie entre la Crise et la seconde Guerre Mondiale, Norman décalera son propos sur la quotidienneté en costumant et grimant ses protagonistes comme s’ils appartenaient au XIXeme siècle. Ce procédé lui permettra de “parler” de la vie de tous les jours, de petits bonheurs, de situations difficiles sans subir le parallèle avec les situations contemporaines, catastrophiques de cette Crise. L'utilisation de costumes était, en outre, pour lui un vrai régal. Il dira par la suite:" j'adorais peindre des personnages en costumes... Mais je ne le fais plus. Ça ne plait pas aux gens".



Marionettes (Couverture SEP, 22 octobre 1932)


La toile qu’il réalisa pour le SEP du 22 octobre 1932 représente un vieux marionnetiste manipulant des personnages habillés comme au XIXe siècle. L’homme est un manuel comme ses mains et son habit de travail, le tablier dont la poche recueille un marteau, le laissent entrevoir. Ses propres habits contrastent avec les tenues en velour et en satin de ses marionnettes. Il n’y a pas de décor, pas même un morceau de son atelier.
Ce qui peut frapper à la vue de cette oeuvre est la similitude, voir le mimetisme entre le créateur et ses créations. La position du vieil homme correspond à une position de figurine. Les bras sont levés, la tête baissée. Est-ce à dire qu’étant donné la situation économique, Norman sous-entendrait que l’Homme est un pantin à la merci de manipulateurs, mais que les manipulateurs n'en sont pas moins des pantins?

Les années trente sont pour Norman ses débuts en tant que père. Norman et sa seconde épouse Mary Barstow auront trois enfants: Jarvis, Tommy et Peter. Nous comprenons alors que son travail sur la figure enfantine déjà très présente, sans s'accentuer ( il ne fera, au contraire, pendant cette décénie, que quatre toiles ayant pour sujet principal les enfants), se teinte de compréhension.