lundi 23 mai 2011

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Les débuts d'un travail

La pochette à dessins sous le bras, le jeune Norman poussa les portes du Saturday Evening Post. Ce journal qui revendiquait sa création en 1728 par Benjamin Franklin, mais qui avait plus certainement vu le jour en 1821, soit trente ans après la mort de ce père fondateur des USA, était un hebdomadaire composé à l'origine de quatre pages. Mais en 1916 à l'entrée de notre débutant, George Horace Lorimer, rédacteur en chef, en avait fait un magazine de tout premier ordre qui publiait illustrations, éditoriaux d'actualité, poésie, théatre et récits. Les plus grands noms se bousculaient : d'Agatha Christie à William Faulkner, en passant par Edgard Allan Poe, Sinclair Lewis et Jack London. Mais en 1969, à la suite d'un article qui insinuait un truquage de match de football, le journal condamné à versé plus de trois millions de dollars de dommages et intérêts, dû fermer. Ce n'est qu'en 1970, à la suite d'un rachat, que le Post, se métamorphosa en trimestriel. Mais reprenons...
Malgré son inexpérience, George Lorimer, inspiré par ce qu'il avait sous les yeux, lui offrit une collaboration pour trois couvertures. Norman était aux anges, sans se douter que la collaboration effective avec ce journal devait durer jusqu'en 1963, 315 couvertures plus tard!

Salutations (couverture SEP, 20 mai 1916)
La première couverture date du 20 mai 1916 et s’intitule “Salutations”. Comme toutes les premières oeuvres, elle est autobiographique. Un jeune garçon bien habillé, au col amidonné, chapeau melon, gants et cravate est salué par deux jeunes qui, eux, débraillés et en tenue de sport, vont joués au base-ball. C’est un peu Norman dont le physique peu athlétique ne lui permit pas de s’épanouir avec ses camarades dans le sport. Rockwell transpose sa frustration passée en anecdote humoristique mais grincante. Il oppose les responsabilités à l’innocence, le devoir à la liberté. Il est interressant de noter que l’illustrateur en dessinant trois fois le même modèle annule l’opposition de classe sociale, que nous aurions pu imaginer d’après les habits. C’est une unique condition qu’il nous révèle, celle de la jeunesse et de ces railleries.
Techniquement, et même si c’est la première couverture d’un jeune illustrateur, le style Norman Rockwell est là. Les détails marginaux sont effacés pour mieux se focaliser sur les détails essentiels. La scène se lit en un coup d'oeil. Les détails du lacet entre la veste et le chapeau, où encore le biberon dans la poche n’étant là que pour instruire et crédibiliser la scène.

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